OkimisanLoup alpha des Ellavs
Messages : 725 Date d'inscription : 24/05/2013 Age : 26 Localisation : dans les plaines arides
Personnage loup Nom de loup:: Fang | Sujet: Texte : Neige Jeu 16 Jan - 16:20 | |
| Bonjour à vous, loups de la vallée ! Voici un nouveau texte (je suis pas forte pour les longues histoires moi ._.) que j'avais envie de vous faire partager ! Petite précision ! Ce ne sera pas un happy end ! Alors...voilà ^^ Bonne lecture~ - Neige:
Je fermais doucement la porte derrière moi, et m'avançais dans le froid, dans la nuit. Mes pas, lents, tremblants, incertains, me guidaient au travers la pénombre vers une destination encore inconnue. Quelques fois, j'étais éblouie par les phares d'une voiture qui passait à côté de moi, ou encore par la lumière des réverbères illuminant le bitume trempé. Seuls mes bottes frappant le sol en cadence résonnaient à mes oreilles, sourdes à tous les autres bruits, et telle le fantôme de moi-même que j'étais devenue, je me dirigeais loin de chez moi. Le vent, glacial, entrait dans mes vêtements, me gelait jusqu'aux os, en cet hiver particulièrement rude. Sans pitié. Je me sentais vide, sans vie, une âme errante au milieu d'un désert de souffrances, juste l'ombre de ce que j'avais pu être, avant. Mais avant quoi ? Je ne souviens plus. De rien. Glissant doucement mes mains dans mes poches, à la recherche de chaleur, de ta chaleur, j'observais mon souffle se transformer instantanément en un petit nuage glacé tandis que je continuais mon errance. Puis l'air se rafraîchit brutalement, encore, me faisant frissonner. Je levais lentement les yeux pour découvrir que je me trouvais dans un parc. Apercevant une étendue d'herbe, je m'y dirigeais, sans me presser, et m'allongeais dans la verdure humide, laissant échapper un soupir à ce contact glaçant. Les bras écartés, les yeux fermés, je me laissais aller, écoutant la musique du vent fouettant mon visage et sifflant dans les branches nues des arbres, tendues désespérément vers le ciel d'encre. Je croissais mes bras sur ma poitrine, oubliant tout. Sauf toi.
Quelque chose de léger et froid se déposa délicatement sur ma joue, me tirant de mon sommeil. Refusant d'ouvrir les yeux, encore endormie et imprégnée de mes rêves, j'espérais que ce soit toi, que tu sois là, tes doigts froids sur mon visage, et que tu ne sois jamais partie. Partie trop tôt, partie loin de moi, partie pour ne jamais revenir, partie en ne laissant rien derrière toi, rien d'autre que mon cœur, déchiré par cette emprunte sanglante qui me torture chaque jour. J'ouvris les yeux, dans un effort surhumain, souhaitant revoir ton visage, souriant, amusé de me voir étendue comme cela, aimant. Mais mon regard ne rencontra rien d'autre que le ciel noir, parsemé de points blancs. La neige. Je sentis mes larmes couler le longs de mes joues, et geler, petit à petit, à la vitesse de la chute des fins et détaillés flocons qui se déposaient lentement sur le monde. Je ne bougeais pas, fixant les cieux sans les voir, cherchant ton sourire, ton regard sur moi, quelque chose de toi, quelque part dans cette immensité de noir, oppressante. Vide d'émotions, sans vie, juste une enveloppe de chair, un corps, voilà ce que j'étais. Une incarnation tragique de la souffrance inspirée par la perte. Tu m'avais promis de ne jamais me laisser, tu t'en souviens ? Mais maintenant, je suis seule, abandonnée. Je me redressai soudainement dans une gerbe d'éclats blancs qui voletèrent tout autour de moi et respirant de plus en plus fort, presque essoufflée, je me levai maladroitement. Sans savoir pourquoi, je me mis à courir dans la neige, pleurant toujours. Je serrais et desserrais spasmodiquement les dents, tentant rageusement de refouler cette vague de chagrin qui m'envahissait lentement. Lorsque je m'arrêtai enfin, le souffle court, la vision trouble, je me trouvais dans une ruelle sombre où quelques feuilles demeuraient, poussées par le vent et qui commençaient d'ores-et-déjà à se couvrir d'un fin manteau blanc. Je m'avançais dans cette allée lugubre, hésitante et transie. De grandes grilles me barraient la route, et leurs barreaux noirâtres surmontés de pics se dressaient et transperçaient le ciel. Tout me semblait menaçant et lorsque je les dépassai, poussant lentement les battants rouillés, ceux-ci grincèrent dans une longue plainte déchirante. Je me retrouvai alors face à une construction de pierres, couverte de mousse, humide, imposante. La neige, qui semblait ne pas vouloir cesser de tomber en tourbillonnant au gré du vent, avait terminé de recouvrir entièrement le sol. Mes pieds s'enfonçaient dans un mélange de boue et de poudre blanche, teintée de la noirceur de la terre. Un arbre, immense, se dressait, nu, mort, ses branches crochues courbées vers le sol, vers moi. Au fond de moi, quelque chose se brisa. Un cri de détresse se bloqua au fond de ma gorge, alors je me mettais à pleurer de plus belle. L'angoisse s'insinua lentement dans mon cœur, telle un serpent, ondulant et s'enroulant autour de l'organe vital de ma vie. J'eus envie de fuir. De partir loin d'ici, loin de la douloureuse réalité. Je savais ce que je trouverai avant même d'y être. Toi. Froide. Distante. Tu m'écouteras sans rien dire, le temps que je te dise tout ce que j'ai au fond de mon cœur. Tu resteras silencieuse, tu ne me regarderas même pas. Je t'appellerai, te demanderai de me répondre, de me faire un signe. Mais tu ne feras rien. Peut-être... Peut-être que je ferais mieux de rentrer chez moi. Je ne veux pas te voir. C'est trop dur de devoir à nouveau te rencontrer, de me retrouver une nouvelle fois face à toi, après tout ce qu'il s'est passé. Après que tu m'aies abandonnée. Mais si je pars, je ne reviendrais pas, jamais, je n'en aurais pas la force. Et je le regretterais, sûrement. Tu sais, j'ai même oublié de prendre des fleurs, pour te dire adieu... Mais je n'en trouverais pas, à cette heure. Et puis, je n'ai pas envie de t'en offrir. Je ne veux pas te laisser t'en aller, comme ça, sans un mot, te laisser disparaître de ma vie.
Je m'avançais, titubant, trébuchant contre les pierres couvrant le sol à certains endroits, slalomant entre les autres. Certaines étaient encore dénuées de toute trace, d'autre croulaient sous le poids du temps. Fébrilement, je te cherchai des yeux, espérant que tout cela ne fut qu'un long mauvais rêve. Puis, inévitablement, mon regard accrocha quelque chose dans le paysage morne. Il se mit à neiger plus intensément encore. Tu étais là. Tout au fond. M'affaissant un peu plus à chaque pas, je m'effondrai brutalement devant ce qui me restait de notre défunt amour.
Ta tombe.
La pierre, blanche, se perdait dans la multitude de flocons tombant tout autour de moi. De nous. Je m'étendis douloureusement contre ton dernier lit, et un hurlement de douleur déchira ma gorge, alors que je m'étouffai de mes sanglots, désormais continus, qui refusaient de s'arrêter. J'appelai désespérément ton nom encore et encore, en vain. Pourquoi es-tu morte ? Pourquoi m'as-tu laissée avec ce trou béant dans mon âme ? Je ne pourrais pas surmonter ça, tu sais ? Pourquoi mourir loin de moi ? A quoi as-tu pensé, juste avant de tout quitter ? La blancheur recouvre le monde, et une tâche sanglante le sali : mon cœur en lambeaux. Je fermais les yeux. Plus rien n'arrivera pour moi. Je souhaite seulement rester à tes côtés, pour toujours. M'endormir, à jamais, et ne plus me réveiller. Un adieu au monde, un bonjour, pour toi, car je ne peux, et n'ai jamais pu, faire sans toi dans ma vie pour me soutenir. Et m'aimer. Mon corps se couvrira de neige et, qui sait, de glace. J'emporterai avec moi notre amour, intact, figé dans cet univers de froid.
Je laissai la neige me recouvrir peu à peu, trempant mes vêtements. Le froid me collait à la peau, mais je n'en fichais. Je cherchais, dans l'immensité nocturne, ton fantôme qui viendrait m'arracher à ce monde, pour m'emporter loin, dans tes bras. J'ignore combien de temps je demeurais là à attendre, mais lorsque, enfin, je vis ton visage, le sommeil se fit sentir. L'engourdissement alourdissait mon corps, allongé sur ton tombeau. Je fermais les yeux, le sourire aux lèvres, pour la dernière fois, et je m'endormis, pour une éternelle nuit, sans rêves. Une nuit de neige. Adieu.
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OkimisanLoup alpha des Ellavs
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Personnage loup Nom de loup:: Fang | Sujet: Re: Texte : Neige Dim 19 Jan - 19:35 | |
| Merci, merci beaucoup de temps d'éloge ! Je crois que faire passer les émotions, c'est le plus important d'un texte ! Pour faire accrocher le lecteur, pour qu'il soit entièrement dans la peau de mon personnage. Mais le "secret" de ça, c'est qu'il faut, lors de l'écriture, devenir soi-même le personnage. Souffrir avec, être heureux avec, pleurer, sourire... Être le personnage. |
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