OkimisanLoup alpha des Ellavs
Messages : 725 Date d'inscription : 24/05/2013 Age : 26 Localisation : dans les plaines arides
Personnage loup Nom de loup:: Fang | Sujet: Derrière les grilles Lun 30 Sep - 21:43 | |
| Bien bien ^^ Bonjour, bonsoir, loups et louves de notre belle vallée ! Tout d'abord, je tiens à dire que finalement, je trouve intéressant de poster certains de mes textes ici aussi, étant à la recherche d'avis me permettant d'améliorer mon style ! (eh oui, si on ne cherche pas à améliorer, cela devient médiocre avec le temps, il me semble ! C'est d'ailleurs tout le charme de l'écriture ! ) Ensuite, je tiens à déclarer que j'ai vraiment trooooop la flemme de mettre à chaque fois que si l'homosexualité vous gêne, lisez pas ! Alors je pense mettre un simple /!\homosexualité/!\ En effet, c'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur, et qui m'inspire plutôt bien pour mes écrits ! En espérant que cela ne soit pas gênant~ Ensuite, je fais attention à ce que mes textes ne risquent pas de choquer avec des propos sexuels et autres ! Mais il peut arriver que j'oublie que pour certains, il peut y avoir des allusions. Si jamais c'est le cas, prévenez moi, je modifierais le texte, ou alors il suffira de supprimer le sujet. Pour finir, à propos de ce texte-ci, je tiens à signaler deux trois petites choses. Tout d'abord, je pense que dans ce texte, sans être choquant, il y a une certaine "dure réalité" qui existait réellement il y a de cela quelques années, soit les traitements peu humains dans certains hôpitaux psychiatriques (lobotomie, etc...). Ensuite, il existe pour ce texte là, deux fins alternatives : d'abord écrit dans le but d'être un "happy end", m'est venue l'idée Ô combien alléchante de faire une seconde fin : La "death end". Enfin, tout cela pour vous signaler que le passage en rouge sera la death end ^^ Voilou, je vous laisse lire (ou peut-être pas). J'aimerais tout de même savoir si cela dérange quelqu’un que je mette des textes sur l'homosexualité. Merci ^^ /!\homosexualité/!\- Spoiler:
Les rayons de la lune, ma seule confidente, ma seule amie, filtraient par l'unique fenêtre de la pièce, zébrés par les barreaux qui empêchaient ma liberté, et baignaient ma chambre dans un halo bleuté. J'aurais pu apprécier ce spectacle, si je n'avais pas été attachée au lit, entre ces quatre murs d'un blanc d'hôpital, et que la porte n'eut pas été fermée. J'étais brisée, depuis le temps qu'on m'avait enfermée. Huit ans, m'avait-on dit, quand ils étaient venus me chercher. Huit longues années, forcée de suivre un ''traitement'' abjecte pour soigner une maladie qui n'en était pas une. Huit ans, privée de liberté, subissant des soins absurdes, allant des simples pilules aux électrochocs, en passant par des lavages de cerveaux. Il me restait encore deux longues années, à vivre avec cela, avant de pouvoir enfin retourner dans le vrai monde. Oh, mais j'en ai oublié de me présenter !
Je me nomme Chikae, 19 ans, mais je ne me souviens plus de ma date de naissance. Je suis enfermée dans un hôpital psychiatrique, car je suis atteinte d'une maladie grave, paraît-il. L'homosexualité. Ici, il y en a pleins, des gens comme moi, ce ''centre de soins'' étant spécialisé dans ce genre de cas. Les plus faibles craquent au bout de quelques mois, enfermant leur conscience et leur raison au fin fond de leurs âmes, et deviennent de véritables légumes, dont les gestes et les pensées sont dictées par les voix des médecins, qui ont tous pouvoirs sur nous. D'autres, arrivent à supporter tant bien que mal toutes les expériences exécutées sur nous, tentant de résister, de ne pas perdre leur identité, enfouissant dans un coin de leur esprit ce qu'ils ont de plus cher pour ne pas oublier, pour le protéger, et le faisant ressortir dès que la torture était finie. Je me trouve dans cette seconde catégorie, mais je suis incapable de dire si c'est une chance ou une malédiction. Heureusement pour nous, à cette époque, même surveillées et très réglementées, les visites extérieures étaient autorisées, permettant aux patients de voir des visages sympathiques.
Aujourd'hui, ce fut le médecin qui vint me défaire de mes liens, et qui me fis avaler des médicaments, dont je ne connaissais ni l'efficacité, ni les retombées. Puis, sans un mot, sans un regard, il m'emmena dans la salle de ''soins'' . Au centre, équipé de tout un matériel électronique, trônait un fauteuil. On me fit asseoir, et comme chaque jour, chaque fois que je devais m'installer dessus, je me débattais. Puis on lia mes mains, mes jambes, mon buste avec les lacets en cuir du siège, prévus à cet effet. Le docteur plaça lentement les électrodes, puis déposa sur mes oreilles un casque d'où sortait un affreux grésillement. Je fermais les yeux, pour tout oublier, pour me préserver, et pour me préparer à ce qui allait bientôt suivre. Je tentais d'effacer les sons stridents, mais ils me vrillaient la tête. Puis je sentis la brûlure suivie de l'engourdissement de mes membres, caractéristique de l'électricité qui traversait tout mon corps meurtrit. Un hurlement naquit au fond de ma gorge, venant du plus profond de moi, tandis que je tremblais, prise de violents spasmes, me contorsionnant entre les griffes qui me rongeaient les poignets et les pieds, me coupant la respiration. Je serrais les dents, tentant de me taire, pour ne pas leur offrir la satisfaction d'un cri, mais ne pouvant retenir le râle de douleur qui s'échappait de ma bouche. Puis cela cessa, comme toujours, et la voix de l'homme en blouse blanche, mon bourreau, résonna dans mon crâne, me répétant qu'aimer une femme était contre ma nature, que j'étais née pour aimer les hommes. Que j'étais malade, et qu'il faisait tout cela pour me guérir, pour me ramener sur la voie de la raison. Encore et encore, il me le répéta. Une heure, un an, je ne savais plus combien de temps cela dura, ayant perdu toute notion du temps. Puis, les décharges reprirent, plus violentes à chaque fois, et je ne pus retenir mes hurlements de douleur.
Enfin, tout s'arrêta, me laissant tremblante, sans voix, inondée de sueur et de larmes. Ils m'accompagnèrent jusqu'aux jardins du centre, entourés de grillages surplombés de barbelés électrisés, pour nous empêcher de fuir cet enfer.
L'heure des visites arriva enfin. C'était la seule lumière, le seul réconfort, dans ce monde de douleur. On vint me chercher. Après maintes et maintes grilles, maintes et maintes portes, j'arrivais enfin derrière la vitre blindée me séparant de mon interlocutrice. La seule chose que je savais d'elle c'était son nom : Jun. Elle venait depuis bientôt plus d'un an me parler du monde, pendant quinze minutes par semaine, mais je n'avais aucune idée de ses raisons. Je savais juste qu'elle venait toujours à la même heure me parler de dehors. Et pendant tout le temps où elle me parlait, je la regardais, en l'écoutant. Ses longs cheveux étaient blonds aux reflets écarlates, et elle les attachait en une éternelle queue-de-cheval. Ses yeux, au bleu intense, étaient comme l'océan, un océan de sentiments où je me perdais toujours, cherchant une lumière, et découvrant bien plus. Tendresse, compréhension, peur, tristesse, inquiétude, douceur, amour. Son petit nez fin et légèrement pointu remuait parfois lorsqu'elle parlait, la rendant adorable. Sa peau laiteuse semblait douce, si douce, que j'aurais voulu la toucher, mais je ne le pouvais pas. J'avais beau tendre ma main vers elle, vers son visage, je ne pouvais que le regarder. Même si mon cœur me hurlait qu'il fallait que j'ai ce contact, que je découvre cette peau, je demeurais impuissante. Ses lèvres, si rouges sur cette peau d'albâtre, donnaient une irrésistible envie d'y goûter, d'y déposer un baiser.
« Tu es née pour aimer les hommes. L'homosexualité est une maladie. »
Ces mots me revinrent alors en mémoire, et des larmes amères s'échappèrent de mes yeux noirs. Elle s'interrompit alors soudainement dans son récit, et posa sa main sur la vitre. Je posais instinctivement la mienne dessus, pour la toucher. Mais je ne rencontrais que verre froid et solide. Mes pleurs redoublèrent, et à cet instant, j'avais horriblement froid, dans tout le corps, exprimant ma douleur, mon désespoir. Elle ouvrit alors la bouche, comme pour me dire quelque chose, et moi, je ferais les yeux, pour m'imprégner d'une consolation, peut-être, ou simplement de ses mots.
« C'est l'heure, madame. »
Ce fut l'affreuse voix raque d'un gardien que j'entendis. Puis elle se leva, et se détourna, comme à chaque fois. Mais elle se retourna, alors que je la regardais partir, et articula des mots muets, en agitant la main en guise d'au revoir.
« Tiens le coup, pour moi, Chikae. »
Ces mots, qu'elles n'avait pas prononcés, m'emplirent d'une détermination de fer. J'allais lutter, pour elle, pour qu'elle puisse être fière de moi. Peu importe ce que je subirais, peu importe ce qui allait advenir, je résisterais, je ne craquerais pas. Et comme si ces seuls mots avaient suffit, je fus convaincue que je devais me battre en silence.
Encore des jours où on me traita, des semaines entières de souffrance, de haine, et ses visites, qui me donnaient du courage. Je ne pensais désormais plus qu'à elle, rêvant de ce qu'elle me racontait, de son corps, de la chaleur de sa peau. Des fois, alors que je faisais des cauchemars, je la voyais arriver, chassant de sa lumière chaque mauvaise pensée, faisant disparaître l'hôpital psychiatrique. Je l'entendais me dire les mots qu'elle avait formulé secrètement. Elle était mon tout, mon accroche, ma raison, et ma foi.
Ce jour là, je l'attendais, impatiente d'entendre ses récits, mais personne ne vint me chercher. On ne me dit rien au sujet des visites, me plongeant dans un silence plein de doutes. Plus le temps passait, et plus je sentais l'angoisse me prendre à la gorge. Elle ne vint pas, ni les semaines qui suivirent. Je plongeais encore plus dans le désespoir qui rongeait cet endroit, mes souvenirs devenant chaque jour un peu plus flous. On m'apprit bien plus tard, que les visites avaient été interdites, pour ''la santé des patients''. Je voyais les personnes autour de moi perdre la raison une à une, peu à peu. Alors j'avais prit l'habitude de m'isoler, me balançant d'avant en arrière, les genoux contre la poitrine, m'entourant de mes bras, comme pour me protéger, murmurant inlassablement ses mots qui me faisaient tenir, pour ne pas oublier. Les mois passèrent encore et j'étais de plus en plus terrifiée, lorsque l'heure de mon traitement arrivait. Dans ces moments là, quand je n'étais pas attachée, je me recroquevillais dans un coin sombre de la pièce en tremblant, laissant mes larmes inonder mon visage, priant pour que tout cesse, griffant compulsivement mes bras, mes jambes, mes mains, et même mon visage sans même m'en apercevoir, soufflant de mes lèvres ensanglantées, à force de me les mordre, des supplications que personne n'entendait. Je me rongeais les ongles, attaquant la chair quand j'en avait fini avec eux. Je ne dormais plus, tremblante au moindre bruit. Je voulais seulement que tout s'arrête, qu'on me laisse tranquille. Je voulais qu'elle revienne, je voulais qu'elle me protège, qu'elle me console. Et je voulais par dessus tout qu'elle m'aime. Comme moi je l'aimais, et continuais de l'aimer, malgré tout ce que je subissais. Je ne voulais pas l'oublier, mais déjà son visage disparaissait dans les méandres de la folie. Je ne voulais pas la perdre, elle qui était ma lumière, mon radeau dans cet océan déchaîné de souffrance, de folie, de peur et de désespoir. Je voulais apprendre à la connaître. Je perdis lentement le fil des jours, mes souvenirs s'effaçant peu à peu, eux aussi, perdant mon âge, oubliant depuis combien de temps j'étais là, combien de temps il me restait à vivre dans cet enfer, oubliant même jusqu'à mon nom. Seules ses paroles muettes restaient gravées dans mon être, dans les brins de mémoire qu'il me restait, et ses yeux. Je ne voyais plus qu'eux dans une tâche qu'avait été son visage, la tâche floue de mes souvenirs effacés peu à peu. Je pleurais toutes les nuit, la voyant se faire engloutir par mes cauchemars, par la torture que je subissais ''pour mon bien''. Je devins lentement hystérique. Il m'arrivait de me mettre à crier, ou à rire nerveusement sans pouvoir m'arrêter lorsque je voyais l'homme à la blouse blanche qui se disait mon médecin, plantant toujours plus profonds mes ongles dans ma peau, y enfonçant jusqu'à mes doigts tremblants. Ils finirent par ne plus me détacher. Je restais là, tirant quelques fois sur mes liens, toute les journées et nuits, à contempler le plafond, à qui je parlais, car lui seul écoutait. Je lui racontait mes souffrances, des histoires que j'inventais, lui parlant d'enfants séquestrés, maltraités, massacrés, parlant de chaînes, de prisonniers. Des fois, il m'arrivait de lui parler de Jun, en pleurant, l'appelant ''mon soleil'' ou ''l'ange''. Un jour où on m'avait mal attachée, j'avais réussit à me libérer et j'avais inscrit avec mon sang, sur le ciel blanc de ma chambre, ces mots : ''Tiens pour moi.'' , car j'étais même incapable de me souvenir de ses mots exacts, oubliant même cette phrase. Puis un jour, on vint me chercher, déclarant que j'étais guérie. On m'avait donné les vêtements que je portais huit ans plus tôt, quand on était venu m'enfermer. Devenus bien trop larges pour moi, je me sentais maigre, vide de toute substance. Je ne ressentais même pas le soulagement d'être enfin libérée de ce cauchemar. Je vis pour la première fois depuis bien longtemps mon visage, mais je ne me reconnus même pas. Mes cheveux corbeaux étaient dans un état pitoyable, mes lèvres gercées et ensanglantées, mes joues creuses, les cernes creusant mes yeux, et les larmes ayant laissé leur empreinte sur mon visage. Mes iris avaient perdu leur éclat de vie. Je ne ressentais plus rien, j'étais vide, comme si j'étais morte de l'intérieur.
Je dépassais les grilles d'un pas hésitant, et je me retrouvais à l'extérieur. Pour la première fois depuis huit longues années, je redécouvrais le monde. Puis une voiture passa, dans un bruit qui me terrifia. Je me tendis instantanément, tremblante, les larmes dévalant à nouveau mes joues, et je m'entourais de mes bras, recommençant à planter mes ongles dans ma peau. Puis je la vis. Elle, celle que j'attendais désespérément, celle que j'avais presque oubliée à force d'électrochocs et de médicaments. Et un seul mot me vint à l'esprit.
« Jun... -Bienvenue dans le monde, Chikae. »
Et elle me tendit la main, souriante, apaisant de ce simple geste mes tremblements. Je m'élançais pour la saisir, mais c'est alors dans un crissement strident de pneus et un terrifiant bruit de klaxon que Jun disparut sous les roues d'un monstre de fer. C'est sous les roues d'un camion que je vis son sourire et sa main disparaître, ne laissant derrière elle que des éclaboussures de sang. Jun était morte. Le bonheur est parfois à porté de main.
Et elle me tendit la main, dans un sourire. Je la saisis, me sentant rassurée par sa seule présence. Je fus parcourue de frissons. Je me jetais dans ses bras, pleurant ma souffrance passée, mon soulagement de la voir près de moi, et elle répondit à mon étreinte, pleurant elle aussi, mais de joie.
« Tu vois, j'ai tenu, pour toi, Jun... -Je sais, Chikae. J'ai toujours cru en toi. On effacera tout ces mauvais souvenirs, je te le promets. Tu retrouveras tout. -Comment... ? -Je le vois dans tes yeux, que tu as perdu beaucoup ces deux dernières années, Chikae. -Je t'aime, Jun...depuis toujours... -Moi aussi, je t'aime Chikae. Allez, rentrons à la maison maintenant. »
Et serrant ma main, elle m'entraîna dans son monde en souriant.
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